Témoingnage d’un ami du père Jacques Hahusseau

Ces deux photos, prises le samedi 6 septembre dans un "assentamento" (100km de Boa Vista où réside Jacques). C’est un terrain saisi - parce que non travaillé - et redistribué par le gouvernement du Brésil dans le cadre de la Réforme agraire tant souhaitée. Ces terrains faisaient parti d’une immense fazenda privée de 75.000 hectares inexploités par son propriétaire.
Une minuscule parcelle a été dévolue au diocèse de Roraima (la moitié de la France) pour y construire une chapelle. La communauté catholique naissante, des pauvres perdus dans cette aventure risquée, a choisi Sao José, comme saint patron.

Le père Jacques y célèbre une fois par mois la messe, sous le seul arbre existant sur cette terre peu fertile. Il y fait 41° et il n’a pas plu depuis longtemps, trop longtemps.

Pour arriver à ce lieu perdu au-milieu de nulle part, en pleine savane, il faut s’organiser pour faire du co-voiturage (sans ordinateur !) car la voiture est un luxe. Elle permet de transporter la chaise du célébrant, un autel de fortune, des participants éloignés de leur lot de terre, des fleurs...
Les fondations de la future chapelle de 40m2 sont bien posées. L’ériger est une autre aventure. Les briques bien rangées attendent les sacs de ciment mais chaque sac vaut 30 reais (10€) et il manque 8 sacs... et de quoi payer le maçon...et de quoi les acheminer jusqu’à ce lieu (33 €). Où trouver l’argent nécessaire pour avancer dans ce projet au-dessus des moyens de la communauté ?

Alors la communauté met en commun les idées, s’engage à organiser un loto, échange les nouvelles, évoque des demandes de baptême, partage leur soif de vivre, bref une Eglise samaritaine. Le "Padre Tiago" n’a pas eu à chercher ce que le Pape François appelle "les périphéries". Elles sont au bout de ses routes quotidiennes.

La photo suivante a été prise le dimanche 7 septembre, jour férié national pour la Patrie. La ville de Boa Vista (340.000 h), capitale de l’état de Roraima, l’honore. Une partie de l’Eglise catholique du Brésil en profite, depuis 19 ans, pour en faire une Journée des Exclus (Dia dos Excluidos) laissant de coté les défilés militaires pour faire des rassemblements et une marche pacifique avec force affiches et slogans. Ce "Cri des Exclus" est promu, en général, à l’initiative des diocèses.

On y retrouve des organisations engagées dans la solidarité, notamment celles présentes au coté des peuples indigènes (les indiens). Jacques y est avec la Commission pastorale de la terre (C.P.T.). Sur la photo’, il figure avec la Pastorale des Jeunes (P.J.) très présente, qui reste chère à son cœur depuis son premier ministère à Gourdon !
Ce jour-là, sur fond de campagne électorale nationale, lors de cette manifestation, avait lieu une campagne de signatures lancée dans tout le Brésil. C’est une initiative populaire. Elle a recueilli près de 8 millions de signatures certifiées, pour exiger une révision de la Constitution fédérale. La Coupe du Monde est bien loin...

Bravo au diocèse de Cahors pour le don de Jacques à une Eglise lointaine et très pauvre. Tiago y a là une présence évangélique qui mérite d’être connue... comme mérite d’être connu le Peuple de Roraima auquel il a été envoyé.

Soutenir par un don