Juin 2017

Chers Parents et ami(e)s,
Bonjour à tous.

Heureux de vous retrouver avec ces quelques nouvelles, venues du Brésil et de notre Diocèse de Roraima. Pendant que la France se met en vacances, nous sommes ici à la saison des pluies, accompagnés par l’inépuisable chaleur équatoriale. Avec ce mois de juin, viennent les fêtes de la St. Jean : danses et quadrilles s’organisent, rendez-vous de fête et de joie, dans un contexte social difficile.

Nous venons de célébrer la fête de Pentecôte. Les chrétiens de Roraima avaient rendez-vous au “Parque Anaua”, pour célébrer cette fête. Une belle assemblée était réunie, la foule des grands jours, vibrante, colorée, tous âges réunis, palpitante de vie et de joie. Ce refrain emplissait l’espace : “Viens, Esprit du Seigneur... Renouvelle la face de la terre !” Un cri, un chant d’Espérance pour célébrer ce que vit tout ce peuple des petits et des pauvres, dispersés dans les bairros de la ville. Humblement, au long des célébrations dominicales, nos Communautés célèbrent le Ressuscité. Elles se retrouvent chaque année pour accueillir l’Esprit qui renouvelle la face de la terre ! Une exigence pour aujourd’hui et une urgence missionnaire pour tous ceux qui croient que “Un autre monde est possible” avec la force de l’Esprit du Ressuscité.

Pentecôte, fête des Peuples en communion ! Une belle mission et un défi permanent pour notre Eglise de Roraima et pour Boa Vista, sa capitale, creuset de plusieurs races et terre de migrations. Ici vivent des Peuples indiens différents, avec chacun sa langue, son histoire et son territoire. Venezuela et Guyane (anglaise) sont à nos frontières. De là, nous vient, tous les jours, la vague incessante de tous ces migrants qui fuient leur Pays en difficulté, pour tenter une vie meilleure à Boa Vista. La situation des Vénézuéliens est particulièrement tragique et appelle des actions immédiates pour répondre aux urgences (alimentation, santé, etc.) Bien des Pays du monde vivent aujourd’hui ces mêmes tensions et situations difficiles. Ici, ce creuset de populations, est un lieu d’éveil et de communion pour mieux comprendre, partager les joies et les espoirs de tant gens sur cette terre. Nous vivons ici, à nouveau, cette longue histoire qui a fait du Brésil et de nos terres de Roraima, une “tour de Babel”, qui favorise la naissance "d’Eglises pentecôtistes”, au goût de Coca-cola !

Aujourd´hui, dans les concentrations urbaines, tout s’accélère avec pertes et profits... Pertes pour le grand nombre et profits pour quelques privilégiés. L’opération “Lava-jato”, on en parle partout au Brésil. La Justice a fini par mettre la main sur de nombreux responsables politiques, y compris le Président, coupables d’opérations financières frauduleuses... “Un Président moribond, à la tête d’un Pays en crise” !... Après des années de tentatives de renouveau politique et social, voilà donc le Brésil rattrapé par ses vieux démons et peuple remis à son triste sort. Le vieux monde tente de renaitre. “Babel” se reconstruit et veut imposer ses tours et ses contours scandaleux !

Dans ce tohu-bohu permanent, de vies fragilisées et de conquêtes sans merci, nos Communautés avancent à petits pas, apprenant à “tenir le pas” de Jésus de Nazareth, fortifiées par son Esprit pour construire un monde de Justice et de Paix. Dans ce monde où les puissants ont souvent le dernier mot, nos Communautés chrétiennes retrouvent la Bible et la Parole de Dieu pour suivre l’itinéraire de Jésus. On se le dit et on veut y croire : “ Des petites gens, habitants de petits endroits, faisant de petites choses, peuvent changer le monde et transformer la face de la terre !” C’est la route de Nazareth et de Galilée, chemin d’une révolution silencieuse dont Jésus nous apprend le secret.

Je viens de recevoir la visite de René Bros, compagnon d’études au séminaire de Rodez, aujourd’hui “Petit Frère de l’Evangile” (Ch. de Foucauld). Il vit depuis 50 ans et plus, au Venezuela, avec les Indiens de la forêt, les Ye-Kuenas. Il habite maintenant à Ciudad Bolivar. La frontière nous sépare, mais la communion nous rapproche. On vit dans la dynamique missionnaire de Fr. Charles de Foucauld. On se voit de temps en temps et on refait ensemble notre “ Route d’Emmaüs” et expérience de Pentecôte.

Je continue ma vie à Roraima, dans cette région d’Amazonie, dans les terres du “Lavrado” brésilien, à la frontière de la savane vénézuélienne. Mon temps est pris par la “Pastorale de la Terre”, la “Pastorale des Indiens” et l’accompagnement des Communautés liées à tout ce monde. Ce travail, en lien avec laïcs et religieuses, nous fait vivre les tensions, conflits et espérances de ces Peuples. Les distances sont grandes, les déplacements onéreux, mais je vis ce service avec joie, émerveillé par tous ces moments de rencontres et partages, simples et riches d’humanité et de fraternelle communion au servisse du Royaume. Ces dix ans déjà que je suis par ici, dans ces terre de Roraima. Belle aventure de Foi et de Vie, avec l’Eglise de Roraima. Ce prochain mois d’août, 75 ans vont sonner au cadran de l’horloge de ma vie. On va célébrer cette fête, à la brésilienne ! Dom Mario a pris les devants (messe et confraternisation). Pour moi, temps de bilans et perspectives ! Je vous tiendrai au courant et vous invite à vous associer à ce moment d’Action de Grâces pour ces années de vie “Fidei donum”, hors frontières, en communion avec le Diocèse de Cahors qui a accepté ce choix.

Merci à vous, tous parents et amis, pour votre fidèle communion et votre partage. Merci pour votre soutien et votre aide, qui nous aident à “tenir la route”... et à nous déplacer pour le service de nos Communautés, sur nos chemins chaotiques et poussiéreux.

J’habite toujours à la “Prelazia” (maison diocésaine), à Boa Vista, avec notre Evêque Dom Mario Antonio et Paulo, mon jeune collègue brésilien. La maison est ouverte et sera heureuse de vous accueillir si vous souhaitez aller à la rencontre du “Lavrado” et de ce coin d’Amazonie pour mieux connaître ceux qui y vivent !

Je vais bien et garde cet encouragement d’un ami qui me veut du bien : “N’aie pas peur de vieillir... C’est un privilège que beaucoup n’ont pas !”

A vous tous et toutes, je renouvelle ma communion et ma fidèle amitié.

Ma prière vous accompagne, avec les paroles de ce chant, pour donner souffle à nos vies et à nos Eglises :

“Souffle imprévisible, Esprit de Dieu...
Vent qui fait revivre... Souffle de tempête... Ouvre nos fenêtres...
Esprit de Vérité, Brise du Seigneur !
Esprit de Liberté, passe dans nos cœurs”...

P. Jacques Tiago Hahusseau