Homélie lors de la messe de funérailles du Père Paul Boisset

Chers amis,

• Il y a des êtres qui ne disent jamais du mal de personne et dont personne ne dit du mal.

• Il y a des êtres qui ne font pas de bruits, mais qui font beaucoup de biens.

• Il y a des êtres qui font l’unanimité sans jamais rechercher la gloire et les honneurs, parce qu’ils veulent demeurer serviteurs et rester tout petit.

• Il y a des êtres qui parlent peu, mais qui font beaucoup par leur présence et les multiples gestes d’amour et de tendresse qu’ils offrent avec leur coeur et leurs mains sans rien attendre en retour.

• Il y a des êtres qui sont proches de vous sans jamais s’imposer, ni vous accaparer.

• Il y a des êtres qui respirent la sainteté, joyeusement sans jamais se prendre au sérieux.

• Il y a des êtres qui aiment le Christ et qui vivent tellement de Lui, qu’ils nous le rendent présents comme si nous pouvions le voir de nos yeux, le toucher de nos mains et l’entendre avec nos oreilles.

Vous devinez, mes amis, qu’en exprimant cela, je pense très fort à notre cher Père Paul Boisset.

Il est passé dans votre vie, dans celle de notre église diocésaine en faisant le bien. Dans le visage de ce prêtre, vous retrouviez celui d’un frère, d’un père, d’un ami. Au fur et à mesure que les jours vont passer, vous allez retrouver dans votre mémoire -la vraie, celle du coeur- telle conversation, un sourire, un conseil, une boutade, un mot qui vous a pacifié, une réflexion qui vous a redonné espoir ou qui vous a rapproché de Dieu. Gardez-les précieusement, elles constituent le patrimoine invisible qu’il nous laisse.

Oui, c’est réconfortant quand la vie nous a égratignée, blessée, de rencontrer
• un visage ouvert, accueillant, apaisant et apaisé,
• un regard qui ne vous juge pas mais qui vous aime,
• un sourire qui n’est pas une grimace, mais qui vous invite à la joie,
une parole qui n’est pas une sentence, mais qui calme et adoucit tous les maux de l’existence qui parfois nous terrassent et nous anéantissent.

Un visage, un regard, un sourire, une parole : tout cela, le Père Boisset l’a été pour nous, à la suite de Son Seigneur, il a voulu semer du bonheur, des histoires, des poèmes, des chansons, partout autour de lui.

Un ami prêtre de Nice que j’aimais beaucoup m’a écrit quelques jours avant sa mort :

« Le vrai bonheur est de rendre les autres heureux. Les rendre heureux ici et maintenant, c’est ma vie ». Ce fût aussi la sienne, celle de notre frère Paul.

Nous sommes tristes, mais il faut que notre tristesse se change en joie. Il faut que nous rendions grâce au Seigneur de nous avoir donné ce frère et ce prêtre durant ses 64 ans de sacerdoce.

Patiemment, discrètement, soigneusement, amoureusement, il a pris soin de vous, à la manière du Bon Pasteur. Il vous connaissait bien, cela signifie que votre existence d’homme, de femme, était gravée dans son coeur à la vie, à la mort et il est parti vers Son Seigneur en emportant tous vos visages avec Lui pour les présenter à Son Maître dans l’Eternité.
C’est cela qui caractérise le vrai pasteur, il n’abandonne jamais celles et ceux qui lui ont été confiés ou qui se sont confiés à Lui. Il continue à les accompagner, à les guider, à les aimer au-delà de la mort, au-delà de sa propre mort.
Sa vie, sa foi, son coeur étaient pour vous, étaient à vous.

Un prêtre c’est comme un pont. Il tient dans sa main, celle du Seigneur, et de l’autre il tient la vôtre.
Il est comme un trait d’union entre le Christ et vous et sa plus belle joie, sa plus belle récompense, c’est quand il parvient à joindre votre main à celle du Seigneur pour ainsi vous unir à Lui.

C’est tout le sens de l’eucharistie où la mission du célébrant est de permettre à chacune et à chacun d’entrer en communion avec Celui qui au-delà de toute attente, nous donne Sa vie en plénitude pour combler toutes nos faims et toutes nos soifs afin que nous vivions de Lui et que nous aimions comme Lui.

Vous saviez combien le Père Boisset aimait célébrer l’eucharistie, je devrais plutôt dire, chanter l’eucharistie. En octobre 2001, il écrivait à Mgr Gaidon : « J’ai pris l’habitude, pour me consoler, de chanter le Bréviaire chez moi et aussi la Messe que je célèbre, en semaine, à l’église de Lamothe-Fénelon, sans aucun assistant la plupart du temps. Même si je chante fort, je ne gêne personne ».
Pour son jubilé de diamant, il avait adapté sur la mélodie d’un cantique, le beau poème composé par son ami le Père Jean Marty. Je voudrais en terminant en reprendre quelques versets :

« Le message sur le chemin a retenti,
Annonçant ta tendresse infinie,
Tout ce qui donne sens à la vie.

Tous ces visages en mon coeur,
Inscrits comme autant de fleurs,
Souvenirs et petits bonheurs,
Bouquet en ce jour offert au Seigneur.

Demain encore tant qu’Il voudra,
Le bon grain on sèmera
Et quand il nous appellera
On dira :
« Bon Maître, me voilà ! »
Enfin de toute ton amitié,
De ta délicate charité,
De tout mon coeur je te sais gré
Et de la mienne à mon tour, sois assuré »

Père Paul, nous portons en nous le chagrin de votre départ, mais nous savons que votre quête de Dieu n’a pas été vaine, vous avez suivi Son étoile tout au long de votre vie. Elle vous a conduit jusqu’à nous et maintenant elle vous mène jusqu’à Lui. Vous vous présentez au Père avec un coeur tout brûlant de cette charité avec laquelle vous avez tant aimé. Que la Trinité Sainte vous fasse fête avec Marie et tous les saints. Maintenant que vous allez rencontrer fréquemment le Bienheureux Antoine Auriel Constant et que vous aurez l’éternité pour parler ensemble, nous comptons sur vous deux pour montrer au Seigneur combien est belle notre église de Cahors en Quercy. Dites-lui que nous en sommes fiers et insistez pour qu’il nous envoie de nombreuses vocations pour la mission. A vous deux ça marchera mieux. Merci de nous rendre ce beau service. AMEN.

+ Norbert TURINI,
Evêque de Cahors

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