Pentecôte et migrations

Le brassage des civilisations et des cultures ne doit pas faire peur aux chrétiens puisque l’Église a commencé dans la cacophonie de la Pentecôte à Jérusalem, où peuples et langues se croisaient. Or, après la venue du Saint-Esprit et l’annonce de la Résurrection par les disciples, tous parlaient de façon audible des merveilles de Dieu (cf. Ac 2,11). Pour qui est habité par l’Esprit Saint, la diversité culturelle n’est donc plus un problème. On appelait d’ailleurs les premiers disciples "les galiléens" parce que Jésus a annoncé le Royaume de Dieu en parcourant la Galilée, ce carrefour des civilisations où se croisaient déjà tant de peuples.

En contemplant ce mystère de la Pentecôte qui surpasse les capacités humaines de surmonter les différences, pouvons-nous rester insensibles au drame du rejet que notre société cultive face aux phénomènes migratoires actuels ? Le conseil diocésain de la solidarité regarde attentivement les associations qui œuvrent admirablement, même ici dans le Lot où l’arrivée d’étrangers n’a rien de massif. Tous constatent avec effarement le durcissement qui se produit ces dernières semaines contre ceux qui n’ont pas encore pu être régularisés. Le Secours Catholique, la CIMADE, Amigrants, Amnesty International, la Ligue des droits de l’homme, la Croix Rouge, Jamais Sans Toit 46, Emmaüs, l’Association OQTF et divers Collectifs d’aide aux migrants, ainsi que des personnes individuelles ou des paroisses, agissent de façon admirable mais se heurtent souvent à des procédures administratives froides et inadaptées au réel. Pourquoi, en particulier, n’est-il pas permis à un demandeur d’asile de travailler ni de recevoir une formation pendant les deux ou trois ans où son dossier est instruit ?

Les pistes encouragées par le pape François : Accueillir, Protéger, Promouvoir et Intégrer, dessinent un itinéraire que nous devrions tous soutenir. Nous ne sommes pas maîtres des motivations de ceux qui décident de quitter leur pays même si elles doivent susciter notre réflexion sur les déséquilibres entre les peuples de la terre. Mais depuis la Pentecôte nous avons reçu un Esprit d’amour fraternel qui n’est pas compatible avec le rejet, le mépris ni la suspicion de principe. Au contraire, nous portons en nous cette capacité spirituelle à accueillir, protéger, promouvoir et intégrer nos frères, d’où qu’ils viennent. Si nous parvenons à relever ce défi avec la grâce du Christ, nous pourrons les entendre parler dans notre langue des merveilles de Dieu.

A Cahors, le 20 mai 2018, fête de Pentecôte

Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors

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