Chronique brésilienne II

Nous allons bien, même si nous avons été affectés d’apprendre le drame vécu par la délégation parisienne. Nous nous sommes unis par la prière à la douleur de la famille, des proches, des amis de Sophie et de tous les parisiens. C’est d’autant plus triste que pour nous tout se passe à merveille et ce que nous vivons ici est totalement extraordinaire. Nous avons été accueillis par des familles en or, qui nous ont reçues comme si nous étions de leurs membres. Peu a peu la barrière de la langue est tombée et nous avons eu des discussions passionnantes sur la Foi ou la vie au Brésil. Par exemple, beaucoup d’adolescentes sont enceintes des l’âge de 11 ou 12 ans, et l’avortement est interdit sauf en cas de viol ou pour des raisons thérapeutiques strictes. C’est l’hiver, il fait 28° a l’ombre, mais nous supportons. Le premier jour à Passo Redondes fut particulièrement riche. Les brésiliens ont souhaité nous faire découvrir 2 facettes du Pays : Le matin, croisière extra ! sur le "San Francisco" avec baignade et balade en pirogue : une activité de riche. Puis l’après-midi, visite de l’un des quartiers les plus pauvres de la ville ; des "maisons en dur" mais pratiquement vides, juste un canapé defoncé, un lit pour toute la famille... Nous y avons rencontre Isaboa (isabelle) qui vit ici avec son époux et sa fille. Agée de 19 ans, elle en parait elle aussi au moins 10 de plus. Le contraste est saisissant, accentué par la présence de la téléevision, qui est revenue pour un autre reportage. Les brésiliens nous apprennent à ¨approcher¨ces familles. Ils se mettent en cercle sur la place principale et ils jouent, nous jouons avec et nous chantons fort : petit à petit les enfants s’approchent, puis jouent et chantent avec nous. Les parents suivent ensuite et la rencontre a lieu, complètement magique autour des jeux et des chants. Les gamins sourient, nous font des câlins, les parents rient aussi. Nous leur offrons la "Sportelle" de Rocamadour et l’image de la Vierge Marie. ils sont très touchés par ce geste et une joie incroyable résulte de cette après-midi. Nous finissons la soirée par une adoration eucharistique puis retour dans nos familles. Le lendemain nous recommençons notre "Journée de mission". Ici c’est ainsi que les brésiliens définissent leur action. Ce n’est pas de l’humanitaire, mais de la "mission" car en plus de l’aide aux devoirs, aide psychologique, accompagnement etc, ils apportent une dimension spirituelle. Nous divisons notre groupe en petites équipes. Claudia, brésilienne, nous conduit voir Manuel, 53 ans, alcoolique et toxicomane. il vit seul avec ses enfants, sa femme étant décédée. Elle le salue, nous présente et nous raconte son histoire avec son accord. Nous apprenons que Manuel bat ses enfants et qu’il a violé plusieurs fois sa fille.
Nous avons également pour eux des "Sportelles" mais c’est sur le moment un sentiment très étrange pour nous d’offrir la Vierge Marie à cet homme en lui précisant que nous allons prier pour lui. Nous en parlons beaucoup avec Claudia, notre accompagnatrice qui se rend chaque semaine dans ces quartiers. Elle nous explique que c’est la dure réalité. Les hommes et les femmes boivent, dès le matins ils sont alcoolisés ou drogués et il en résulte beaucoup de violence. Les enfants avec leurs visages splendides se ruent sur nous. Nous passons un long moment dans cette famille et nous poursuivons nos découvertes chez le voisin. Petit a petit, tous le quartier nous suit, enfants et parents. On joue au billard avec eux dans la bar du coin, on discute et on offre encore des "Sportelles". Finalement, je m’approche de Manuel et lui offre l’image de la Vierge Marie ainsi qu’une "Sportelle". Il ne dit rien, baisse la tête, et aussitôt range le tout dans son portefeuille. On le sent visiblement très touché par ce geste. L’après-midi, nous revenons pour distribuer la soupe populaire. La salle est bondée et qu’elle n’est pas notre surprise de revoir tous les enfants et les parents avec la "Sportelle" sur eux, autour du cou. Ils ne la quittent plus ! Après quelques moments de jeu avec eux, nous partons préparer la veillée du soir.
Veillée à la "française", ils nous attendent au tournant car c’est peu dire que les brésiliens savent mettre l’ambiance ! nous débutons vers 9 h. French Cancan, Paquiton, Brise pied, Aviron bayonnais, c’est le feu ! les brésiliens se joignent à nous, ils sont très nombreux et très heureux. Le lendemain beaucoup nous reparleront de cette rencontre. Aujourd’hui nous déjeunons tous ensemble avec toutes les familles d’accueil, puis retour a Propria, messe avec l’évêque Don Mario et départ pour Rio de Janeiro !
Cette premiere semaine ne nous laisse pas indemnes ; elle est à la fois décapante et fabuleuse. Elle nous emplis d’une joie pleine de promesses pour la semaine a Rio avec le Pape !

Soutenir par un don