Décès du Père Edouard de Labarrière

AVIS DE DECES

Mgr Laurent CAMIADE, Evêque de Cahors,
les prêtres et les diacres du diocèse,
sa famille et ses amis,
vous font part du décès de

Monsieur l’abbé Edouard de LABARRIERE

Survenu le vendredi 13 mai à l’âge de 85 ans
et dans la 60ème année de son ordination sacerdotale.

Ses funérailles ont été célébrées en l’église Sainte Spérie (Saint-Céré), le mercredi 18 mai 2016 à 10 h.

Homélie prononcée par le père Michel Peyrichou

SEPULTURE d’Edouard de LABARRIERE

Nous venons d’écouter la prière de Jésus à la veille de sa mort. De cette prière je retiens cette phrase : « La vie éternelle c’est de te connaître toi, le seul Dieu, le vrai Dieu et de connaître celui que tu as envoyé Jésus Christ. »
Connaître c’est entrer en communion. La vie éternelle c’est avant tout une relation avec Celui qui est la vie, le Vivant autrement dit la vraie vie. C’est entrer en relation avec Celui qui est l’Amour même et la source de tout amour.
Conséquence : entrer en relation, en communion avec Celui qui est l’Amour même, ne peut que provoquer au don de soi avec tout ce que cela exige. Il me semble que cette parole de St Jean peut nous aider à accueillir et à saisir un peu la vie de celui que vous me permettrez d’appeler Didi.

Deux maîtres spirituels ont marqué la vie de Didi : St Ignace de Loyola et Charles de Foucauld.
St Ignace de Loyola. Elève des Jésuites à Sarlat, il a bénéficié d’une éducation humaine et spirituelle forte. Il l’a exprimé lui-même : « Ils m’ont aidé à structurer ma prière. Grâce à cette formation je suis devenu moi-même. Dès la classe de seconde j’ai été responsable d’un groupe spirituel animant prières, rencontres et réflexion sur la vie, à travers les autres j’ai reconnu l’appel de Dieu. »
Charles de Foucauld : Didi devenu aumônier du lycée Clément Marot à Cahors a été marqué par la vocation d’une lycéenne devenue « Petite Sœurs de Charles de Foucauld ». Il a découvert sa spiritualité, sa passion pour Jésus, son désir missionnaire de devenir frère universel. Quelques années après il fait surgir la fraternité sacerdotale « Jésus Caritas ».
Ces deux témoins nous aident à comprendre son dynamisme, sa créativité, son attention aux plus pauvres, aux blessés de la vie.

Dès le grand séminaire il accompagne quelques équipes de lycéens, il anime la messe du dimanche au lycée Gambetta. L’abbé Siau sera son guide.
Ordonné prêtre en 1956, il est nommé vicaire à la cathédrale et, l’année suivante, aumônier du lycée de filles Clément Marot. Il y assure la catéchèse, met en place les Guides de France, le mouvement « jeunes étudiantes chrétiennes » qu’il anime aussi sur le diocèse, s’en suit des recollections, des camps d’été, des marches pèlerinage sur Rocamadour secondé par Sœur Marie Dominique.
1968, il est nommé vicaire à Gramat et chargé de coordonner les aumôneries de l’enseignement public. Il a été à l’origine d’un grand dynamisme : camps de neige, camp de formation biblique, sessions chantiers pour 4e 3e, associant travail, réflexion, célébrations.
A une époque où s’imposait « la pensée des maîtres du soupçon » l’annonce de la Bonne Nouvelle n’était pas facile. Sans se décourager Didi proposait, inventait, ouvrait des chemins pour aller à la rencontre de ce Jésus qui habitait son cœur.
Pour coordonner toutes les actions des aumôneries, il crée l’association quatre horizons et avec la coopération des religieuses de Notre Dame du Calvaire de Gramat il crée le « Centre Quatre horizons » pour accueillir sessions, retraites, réunions, pour mettre en place un service de documentation, secondé par Sœur Marie Christine.

1974 Il rejoint l’équipe des prêtres à Prayssac pour desservir les paroisses de Frayssinet, Goujounac, Les Junies, St Caprais, mais surtout on lui confie à Luzech une mission : mettre en place une aumônerie à Boissor auprès des Handicapés. Ils deviendront ses préférés : « Que faire pour ces démunis, dit-il, l’Evangile est pour les pauvre. Je voulais découvrir Jésus Christ à travers la fragilité des autres. En m’adaptant à ces personnes handicapées, je cherchais un Dieu concret, à travers eux je le trouvais. » Il va acquérir une véritable compétence et pendant deux ans il intègre l’équipe nationale pour la catéchèse des handicapés.

1976 Il redevient aumônier du lycée Clément Marot et du collège Gambetta. Il rejoint l’équipe des prêtres à Terre Rouge. Son souci permanent est de permettre à chacun de donner le meilleur de lui-même. Il aide un groupe de jeunes à partager leurs compétences musicales théâtrales, artistiques et le groupe « animarea » est né ! Il associe même les handicapés aux camps de neige des lycéens. Ensemble ils vivent détente, réflexion, célébrations. Il en sera de même lors des camps au Mont St Joseph avec le festival, les gospels. Certains ayant acquis des compétences, devenus adultes ils aident des jeunes d’aujourd’hui à retrouver leur dignité.

Ecoutons le témoignage de l’un d’eux : « Didi. C’est ainsi que tout le monde te nommait dans la cour des internes au lysée Clément Marot lorsque j’y étais moi-même élève aux alentours des années 1980 ; tu étais un aumônier de jeunes infatigable, créant et recréant la rencontre. C’était l’époque des débats en tous genres, de l’expression corporelle que je détestais, des gospels, des camps de ski, des sessions chantiers, des veillées et des célébrations revisitées. Je n’étais pas à l’aise avec tout, mais j’étais sensible à ta générosité, à cette force qui sortait de toi, qui mettait en mouvement. Je t’ai retrouvé par la suite, dans ton ministère auprès des handicapés notamment. Ta spontanéité, ton esprit d’inventivité, ton énergie ont fait merveille dans cet apostolat particulier. En 2001 j’ai été ordonné prêtre à mon tour et, depuis, les différentes responsabilités qui m’ont été confiées m’ont beaucoup envoyées vers les adolescents de notre temps.
Sans te l’avoir vraiment dit je pense souvent à toi dans cette mission d’Eglise. Bien sûr l’époque n’est plus la même, et il faut inventer d’autres chemins mais j’essaie à ton exemple et avec d’autres de me donner sans compter aux jeunes qui me sont confiés. Tout cela jour après jour, pour leur offrir des voies pour grandir, et je l’espère aussi de découvrir le Christ et de s’y attacher, afin qu’il éclaire leur vie, comme tu m’avais laissé comprendre et entrevoir qu’il illuminait la tienne. Merci Didi. »

1989 Curé à Gramat, pour la première fois responsable d’un groupement paroissial, il va mettre toutes ses compétences au service de la mission. Il développe la catéchèse des enfants et des jeunes et reste très attentif aux blessés de la vie.
La vie de Didi a été marquée, dès l’adolescence par un handicap physique qui aurait pu le replier sur lui-même et provoquer la révolte. Au contraire il va devenir appel à faire face aux épreuves, à être attentif à toutes celles et à tous ceux qu’une blessure physique, spirituelle ou psychologique handicape.
Il faut quitter Gramat, le cœur serré, les forces déclinent, impossible de faire face à tant d’activité. Le voilà au berceau familial, à Saint Céré. Il faut accepter un autre rythme de vie tout en rendant service avec courage. C’est le temps de l’épreuve, du combat spirituel. Passer de l’action à la contemplation. Il rejoint Gramat, mais au foyer Pierre Bonhomme. Son corps souffre mais sa foi reste inébranlable. Il donne du temps à la prière : « Durant mon heure d’adoration je prie pour vous et pour tous ceux que j’ai rencontré dans mon ministère », nous disait-il il y a quelques jours. Il va vivre dans sa chair la prière que Charles de Foucauld met sur les lèvres du Christ : « Père, je m’abandonne à toi. Fais de moi ce qu’il te plaira…je remets mon âme entre tes mains ». Cette attitude, cette prière ouvrent les barrières du cœur, de l’esprit, de l’espérance, pour vivre à l’image et à la ressemblance de Jésus.

St Jean nous rapportait la prière de Jésus : « Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » St Jean nous aide à saisir que notre vie tient à Dieu et que Dieu, dans son Fils, nous sauve de la mort. Il sauve notre existence et la fait passer du temps, notre temps, à son éternité. De bout en bout ce qui fait l’unité d’une vie c’est l’amour et l’amour traverse la mort.

Je crois que Didi nous dit aujourd’hui : Christ est ressuscité Alleluia !

18 mai 2016, père Michel Peyrichou

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