Obsèques de Mgr Maurice Gaidon

La célébration en présence de 11 évêques et d’une cinquantaine de prêtres et diacres s’est ouverte par l’accueil de Mgr Jean Gauzin qui fut vicaire général de Mgr Gaidon.

Entrée du cercueil, porté par 4 prêtres et diacres.

Le 15 mars 1987, j’avais la joie d’accueillir, en cette Cathédrale, Mgr Maurice Gaidon, tout récemment nommé Évêque de Cahors. Il ne connaissait pas son nouveau diocèse, l’ayant seulement traversé en se rendant à Lourdes. Tout était à découvrir : les êtres, les paysages, les lieux, les traditions… et, durant quelques mois, nous avons sillonné notre département. Très vite, des liens se sont tissés au fil des multiples rencontres, personnelles ou collectives, qui peuplent une vie d’Évêque, et lorsque, le 1er février 2004, Mgr Gaidon faisait ses adieux dans cette cathédrale, on sentait qu’il faisait vraiment corps avec ce peuple qu’il avait servi et aimé durant 17 années.

J’ai vécu 15 ans auprès de lui comme vicaire général et c’est au titre de cette collaboration confiante et fraternelle que notre Évêque m’a demandé d’évoquer, en ce jour de ses obsèques, la mémoire de notre ancien Pasteur. Je ne pouvais pas lui refuser, et je souhaite que ce témoignage d’amitié ne soit ni un panégyrique, ni un bilan d’action pastorale, mais simplement le rappel de quelques trais de la personnalité de ce bon serviteur de Dieu.

C’est le 30 septembre 1973, en l’église du Sacré-Cœur de Dijon, paroisse où il avait été vicaire, que Maurice Gaidon, alors supérieur du Grand Séminaire de Dijon, était ordonné comme Évêque auxiliaire de Besançon. Il devient ensuite supérieur des Chapelains de Paray-le-Monial et évêque auxiliaire d’Autun. Le 30 janvier 1987, quelques mois après la visite du Pape à Paray-le-Monial, Mgr Gaidon était nommé Évêque de Cahors. Lors de son ordination épiscopale, le prêtre qui présentait à la foule le Père Gaidon avait trouvé une formule sobre et dense à la fois : « Maurice Gaidon, avait-il dit, a autant de cœur que d’intelligence, autant d’intelligence que de cœur. » Je souscris pleinement à cette formule… Elle est vraie.

Mgr Gaidon avait une intelligence fine, perspicace, intuitive, dépassant facilement l’aspect extérieur des êtres pour un regard plus profond, capable de rejoindre le cœur même de son interlocuteur. Il était aussi doué d’une intelligence vaste, d’une grande ouverture d’esprit nourrie, bien sûr, par les études universitaires de sa jeunesse et aussi par les nombreux voyages à l’étranger qui lui avaient permis de découvrir d’autres mentalités, d’autres cultures, d’autres civilisations. Découvrir Rome, au cours de plusieurs visites « ad limina », avec ce guide merveilleux fut pour moi un enchantement.

De tempérament plutôt réservé et peu expansif, Mgr Gaidon donnait, au premier instant, l’impression d’être distant. Il n’en était rien. Il était un homme de cœur, délicat, fraternel, d’une grande sensibilité, qu’accentuait encore sa passion pour la musique. Ceux qui le connaissaient bien savaient la place que le piano tenait dans sa vie. Vous me permettez une confidence ! Lorsque surgissait quelque difficulté, et il n’en manque pas dans la vie d’un Évêque, le Père s’échappait un certain temps, rejoignait son piano et lorsqu’il était de retour, on le voyait plus détendu et souriant.

Homme de cœur, Mgr Gaidon trouvait une grande joie dans ses courses apostoliques, les yeux et le cœur remplis de visages qu’il n’oubliait plus. Il n’était pas un théoricien de l’apostolat, mais il était un apôtre, plus préoccupé de contacts réels avec les personnes que de déclarations abstraites, plus préoccupé de la transformation des cœurs que des changements de structures.

Il aimait passionnément l’Église du Christ, sans fermer les yeux sur ses fragilités, ses pauvretés, ses misères, mais elle était d’abord pour lui cette mère auprès de laquelle il avait tout appris et grâce à laquelle il avait rencontré le Christ. Bien sûr, il souhaitait l’engagement des laïcs dans les services d’Église et surtout comme témoins de la foi dans tous les domaines de leur vie d’homme : famille, profession, vie sociale… Mais je crois pouvoir dire que la Grande Joie de son Épiscopat en terre quercynoise fut l’ordination de 15 prêtres et de 4 diacres permanents, persuadé qu’il ne pouvait y avoir de véritable Église du Christ sans prêtre. Pour cette Église, pour son avenir, pour son rayonnement, il a, surtout ces dernières années, offert bien des souffrances physiques et morales. Nous en sommes tous les bénéficiaires et nous lui disons très filialement Merci.

Permettez moi, en terminant, d’évoquer les derniers instants sur cette terre, du Père Gaidon. C’est, me semble-t-il, un beau signe de Dieu et une sorte de testament spirituel. Il avait écrit, il y a quelques années, un livre intitulé « l’Eucharistie, soleil de Dieu ». Lundi dernier, dans la matinée, il recevait en viatique le Corps du Christ, et, peu de temps après, dans une action de grâces pour l’éternité, il ouvrait ses yeux à la grande Lumière du Soleil de Dieu un geste qui illustre admirablement toute une vie !

Cher Monseigneur, nous prions tous, Évêques, prêtres, laïcs, en un mot, peuple du Quercy, pour que vous reposiez en paix dans cette cathédrale que vous aimiez.

Père Jean Gauzin

En pièce jointe l’homélie de Mgr Norbert Turini.

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