Montgesty : 178e anniversaire du martyre de Jean-Gabriel Perboyre

Mardi 11 septembre 2018

Cérémonie et messe en plein air, présidée par Mgr Laurent Camiade, évêque du diocèse de Cahors, avec le concours du Groupement paroissial de Catus, au lieu-dit le "Puech", maison natale de Jean-Gabriel Perboyre.

 Homélie de Mgr Laurent Camiade :

Mes frères,

C’est un immense privilège pour nous de pouvoir célébrer ici la fête de ce grand saint qu’est Jean-Gabriel Perboyre. Un personnage étonnant, consacré par le Seigneur à travers son martyre qui offre une grande similitude avec la passion de Jésus ! Trahi pour 30 taëls, conduit de tribunal en tribunal, exécuté sur un gibet en forme de croix après de longues tortures, il meurt un vendredi après-midi. Le martyr de saint Jean-Gabriel est presque une liturgie de la Passion. Et le témoignage de tous ces gens qui ont vu se lever dans le ciel une immense croix lumineuse le jour de sa mort confirme encore que ce natif du Puech à Montgesty a été un éclatant témoin du Christ.

Jean-Gabriel était un homme d’espérance et, comme dit le livre de la Sagesse, par son espérance il avait déjà l’immortalité. Malgré le raffinement cruel de ses tortures, l’Écriture nous affirme que ce qu’il a eu a souffrir était peu de chose auprès du bonheur dont il est comblé dans le ciel aujourd’hui.

Nous connaissons tous cette espérance, cette promesse magnifique que la résurrection de Jésus a réalisé pour ceux qui souffrent en union avec la passion du Sauveur.

Mais quand on regarde ces événements incroyables jusqu’à sa mort le 11 septembre 1840, cette passion spectaculaire, ces phénomènes fabuleux, on peut se dire qu’on va admirer saint Jean-Gabriel mais qu’on est loin d’être capable de l’imiter. Après lui, nous ne serons jamais de grands saints. Ainsi, nous pourrions facilement nous décourager et dire que le modèle est impossible à atteindre.

Pourtant, dans une exhortation récente et très belle, le pape François a voulu nous redire que nous sommes tous appelés à la sainteté. C’est curieux, d’ailleurs, que de ce texte qui a été publié juste après Pâques cette année, les médias n’aient presque pas parlé. Le pape dit à tous les hommes qu’ils sont faits pour devenir des saints, que Dieu les appelle tous à devenir des saints, aujourd’hui, dans le monde actuel, tel qu’il est, et personne n’a l’air d’en être ému !

Un des points sur lesquels le pape insiste, c’est justement que la sainteté se vit par des actes ordinaires, tout simples, de la vie de tous les jours : « J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ’’de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ’’la classe moyenne de la sainteté’’. » (Gaudete et exultate, n° 7).

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la sainteté de Jean-Gabriel Perboyre a surtout eu cette simplicité de la vie ordinaire. Quand il était à Montauban ou à Saint-Flour, ceux qui le rencontraient étaient frappés surtout de son humilité. Il fuyait le plus possible les occasions de se faire valoir. Il aimait se mettre au niveau des plus humbles et des plus pauvres.

En cela, il a déjà profondément imité Jésus qui, tout Fils de Dieu qu’il est, s’est fait petit, petit enfant dans la crèche, humble charpentier dans un village, un homme ordinaire. Et quand il a eu un peu de succès et que les foules accouraient pour l’écouter et faire guérir leurs malades, Jésus apparaissait toujours proche des plus humbles et il demandait à ceux qu’il avait guéris de ne pas faire publicité.

Pour saint Jean-Gabriel, cela a été la même chose quand il a eu quelques promotions, devenant supérieur de séminaire ou directeur du noviciat, il n’exerçait pas l’autorité comme un pouvoir, mais avec une grande douceur qui se communiquait même aux personnalités les plus difficiles. Il cherchait avant tout à être assimilé au Christ et il en demandait chaque jour la grâce : « O mon divin Sauveur, faites par votre toute puissance et votre infinie miséricorde que je sois changé et transformé en vous. Que mes mains soient les mains de Jésus ! Que ma langue soit la langue de Jésus ! Que tous mes sens et mon corps ne servent qu’à vous glorifier. Mais surtout, transformez mon âme et toutes ses puissances : que ma mémoire, mon intelligence, mon cœur soient la mémoire, l’intelligence et le cœur de Jésus ! ... ».

Dans son exhortation sur l’appel à la sainteté dans le monde d’aujourd’hui, le pape François nous dit que l’essentiel est « d’être centré, solidement axé sur Dieu qui aime et qui soutient. Grâce à cette force intérieure, ajoute le pape, il est possible d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts » (G & Ex. n° 112). Cette force intérieure qui permet la douceur dans les relations, est une grâce à demander au Seigneur, en restant centrés sur Lui et donc décentrés de nous-mêmes. Si, comme saint Jean-Gabriel, nous accueillons en nous cette grâce, nous serons préservés, comme dit le pape « de la contagion de la violence qui envahit la vie sociale, car la grâce apaise la vanité et rend possible la douceur du cœur. Le saint, dit-il encore, ne consacre pas ses énergies à déplorer les erreurs d’autrui ; il est capable de faire silence devant les défauts de ses frères et il évite la violence verbale qui dévaste et maltraite, parce qu’il ne se juge pas digne d’être dur envers les autres, mais il les estime supérieurs à lui-même » (E & Ex n° 116). Cette douceur est d’autant plus importante aujourd’hui que les moyens de communication moderne peuvent accélérer et démultiplier les messages les plus violents. La puissance des moyens de communication rend encore plus nocive la moindre dureté et il nous faut être très vigilants sur notre manière de communiquer, redoubler de délicatesse et de prudence.

La douceur que produit la grâce du Seigneur en nous si nous restons centrés sur Dieu, saint Jean-Gabriel en donne un bel exemple tout au long de sa vie. Et si nous ne devions reconnaître qu’un trait de sa personnalité, cela devrait être sûrement cette douceur qui est un fruit de l’Esprit Saint. Un de ses anciens séminaristes, qui est devenu plus tard supérieur général de la congrégation de la Mission, témoigne ainsi de son ancien profession Jean-Gabriel Perboyre : « Il est impossible de pousser la pratique de la douceur plus loin qu’il ne l’a fait... Une sérénité angélique était peinte dans tous ses faits, on ne pourrait citer une seule circonstance de sa vie où on ait aperçu en lui la moindre impatience. Cette vertu était la clef qui lui ouvrait l’entrée de tous les cœurs. L’affection inaltérable que tous lui ont conservée, c’est aux charmes des sa douceur qu’on doit l’attribuer ».

Par l’intercession de saint Jean-Gabriel, demandons au Seigneur l’espérance, la confiance en Jésus et la douceur qui ont caractérisé toute sa vie. Ainsi, nos paroles seront aussi davantage des paroles de Jésus pour le monde actuel.
Amen.

Mgr Laurent Camiade


Association des Amis de Jean-Gabriel Perboyre
mail : association_jgp_perboyre@hotmail.com
Tél. 06 83 23 13 17

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