Homélie pour la clôture de la semaine mariale à N D de Capelou

Sœurs et frères,

Quand nous allumons nos postes de télévision, quand nous écoutons la radio ou que nous ouvrons nos journaux, il n’ y a pas à dire, mais l’actualité que l’on y découvre peut nous paraître bien fade, plutôt terne et sans éclat.

Nous baignons toutes et tous dans un monde désenchanté, qui n’a presque plus goût à rien, qui vit sous des lumières blafardes dans l’immédiateté de bonheurs éphémères et parvient difficilement à voir clairement son avenir avec optimisme et espérance.

Même nous chrétiennes et chrétiens, risquons de nous laisser emporter par ce courant de « sinistrose ». Il peut exercer sur nous un effet paralysant et dévastateur, condamnant nos engagements, nos efforts, au découragement et à l’abandon.

En vous disant cela, je pense à des catéchistes de mon diocèse qui me partagent leur désarroi devant la difficulté de la tâche et qui sont souvent à deux doigts de démissionner.

Il est certain que
• si nous nous laissons affadir par cette culture de mort dont parlait
Jean-Paul II,
• si nous ne dominons plus ce pessimisme qui, tel un cancer, envahit notre société et risque d’atteindre le corps de l’Eglise, alors,

il est certain, oui, que l’Evangile aura bien du mal à gagner du terrain dans le cœur des hommes et des femmes de notre temps.

Le point de départ de la vie chrétienne, c’est le Christ, Sa Parole, la Bonne Nouvelle lumineuse de Sa Résurrection.
Notre existence de baptisés ne s’enlise pas dans les sables mouvants d’un monde qui souffle le chaud et le froid sur l’humanité au gré
• des courants,
• des crises
• des modes,
• des fantaisies qui le traversent.

Quels que soient les turbulences et les vents contraires, il y a toujours ce petit air frais de Pentecôte qui nous ramène au Christ pour sans cesse nous enraciner en Lui, repartir de Lui et attiser le feu intérieur qui rend notre vie chrétienne plus rayonnante d’amour pour nos frères.

Le Christ est notre roc, notre appui, le phare dans la tourmente qui empêche nos vies d’échouer sur les récifs du néant. Il nous dispense une parole incisive pour nous bousculer, nous réveiller, nous faire sortir de notre torpeur.

Oui, sœurs et frères, dans un environnement plein d’incertitudes et de contradictions, Son Esprit nous fait retrouver le courage de saisir à bras le corps, le livre des Evangiles pour l’ouvrir à la face du monde.
J’en suis certain, il ne peut rien arriver de meilleur aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui que la rencontre de Jésus-Christ.

Si nos églises diocésaines de Périgueux-Sarlat et de Cahors, comme tant d’autres en France, se lancent sur des chemins synodaux, ouvrent des pistes, des chantiers de réflexions, pour se donner des orientations missionnaires avec des grands moments de prière et de célébrations, c’est parce qu’elles sont fortes de cette conviction que : rien n’est plus important pour l’humanité, que de connaître et aimer le Christ car Il est son salut, sa Lumière, sa vie et son avenir.

C’est au fond ce que Marie a compris et vécu, sans grand discours, sans grande démonstration, mais avec la flamme ardente de sa foi.

Sa mission dans l’Eglise, c’est justement d’unir l’humanité à Son Fils. Elle le fait non pas de sa propre initiative ou de sa propre autorité, mais parce que depuis l’Annonciation elle en a reçu mission de l’Esprit Saint.

Quand nous venons en pèlerinage, comme ici au sanctuaire de Capelou, pour implorer N-D de Pitié, Marie prend notre main pour la mettre dans la main de Son Fils et en sentir tout à la fois, la chaleur, la force et la tendresse.

Marie est comme le trait d’union qui va permettre à celui ou celle qui avance à tâtons dans la nuit de ses doutes, de ses peurs, de son mal, de sa misère, de sa maladie, de trouver la main salutaire du Christ qui va l’accompagner, le guider, le réconforter, le rassurer, le consoler, le guérir.

Oui, dans son affection, dans sa prière, Marie remet nos vies entre les mains de Son Fils avec la discrétion et l’effacement d’une maman qui fait toute confiance à son enfant et nous encourage à faire de même.

Dans un même élan, Marie nous incite à tendre nos mains vers toute la famille humaine pour créer des ponts avec tous, par la rencontre, le dialogue, l’échange, le partage, l’écoute et la prière.

Dans nos familles, les mamans veillent particulièrement à ce que tous, enfants, parents, puissent s’entendre, s’estimer, se respecter, s’accueillir, s’aimer.

C’est également la mission de Marie dans l’Eglise où elle travaille à l’unité et à la paix à l’intérieur de la communauté chrétienne pour qu’elle soit crédible aux yeux du monde. Elle allume nos cœurs du feu de Dieu qui brûle en elle.
Mais elle œuvre également dans les zones sensibles de l’humanité, afin que hommes et femmes de toutes religions, langues, cultures, nations puissent, se rapprocher les uns des autres, se parler, s’accorder, vivre en parfaite harmonie et bâtir ensemble la « civilisation de l’amour ».

C’est dans cette direction que pourrons se dessiner les choix missionnaires de nos diocèses pour proposer autour de nous une Espérance digne de Foi.

Enfin, Marie est la parfaite image de l’Eglise, elle fait tout afin que nous nous y sentions heureux comme on peut l’être en famille.
Sa plus grande joie, c’est de nous voir réunis comme aujourd’hui autour de la table de Son Fils, alors elle redouble d’allégresse et d’action de grâce pour chanter son Magnificat.

« Vous êtes le sel de la terre », avant nous entendu proclamer dans l’Evangile.
La caractéristique du sel, c’est de se dissoudre non pas pour disparaître mais
pour se résorber et communiquer ses propriétés aux aliments qui l’absorbent.

Dans l’effacement et l’humilité, Marie servante du Seigneur fait don à l’Eglise et au monde des propriétés inépuisables et extraordinaires de l’amour divin qu’elle porte en elle, pour donner à la multitude le goût de Dieu et faire briller la clarté l’Evangile.

Sa mission trace aujourd’hui la nôtre :
• travailler à l’union des cœurs avec Dieu.
• vivre entre nous une réelle communion fraternelle
• veiller au bien de tous par notre sens du partage, de l’ouverture à tous et de l’accueil
• être fidèle à la fraction du pain eucharistique pour que nous recevions la vie en plénitude et en propagions la saveur à tous nos frères.

En imitant Marie, en la priant, nous sommes sûrs de devenir « sel de la terre et lumière du monde », au cœur d’un église force de communion, de vitalité et d’enthousiasme missionnaire. AMEN.

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