Homélie pour le rassemblement des Choeurs diocésains de la Province

DIMANCHE 19 NOVEMBRE 2006 - RASSEMBLEMENT DES CHOEURS DIOCESAINS - PROVINCE DE TOULOUSE - CATHEDRALE ST ETIENNE DE CAHORS

Soeurs et frères,

Peut-être aurions-nous préféré des textes liturgiques plus joyeux pour célébrer cette eucharistie dominicale qui réunit nos choeurs diocésains.

Toutefois, il en est ainsi : nous ne choisissons pas la Parole de Dieu, en fonction de nos sensibilités, de nos émotions ou des situations du moment.

• Nous l’accueillons telle qu’elle s’offre à nous, quelles que soient les circonstances qui se présentent,
• nous l’accueillons surtout comme un don que Dieu nous fait, afin que nos vies pénétrées par les paroles vivantes de la foi, se construisent fermement et solidement et ce, malgré tous les « tsunamis » des évènements dramatiques qui surviennent dans nos existences et qui parfois les submergent.

Finalement, ces textes sont-ils aussi catastrophiques qu’ils en ont l’air à première lecture ? Devons-nous entonner des chants de lamentation et de deuil après les avoir entendus ?

En y regardant de plus près,
  ils décrivent certes des situations de détresse,
  font allusion à des tragédies, à des catastrophes cosmiques au demeurant effrayantes,

mais comme pour mettre en perspective une issue positive qui va libérer l’histoire humaine du poids écrasant de la fatalité dont le seul horizon serait celui d’un funeste chaos.

Il est vrai qu’en regardant les évènements du monde se dérouler sous nos yeux, nous avons de quoi nous angoisser, car nous craignons le pire pour nous-mêmes et pour celles et ceux que nous aimons :

  « Que va t-il nous arriver ?
  Qu’allons-nous devenir ? »

Tout ce que nous voyons, lisons et entendons, nous préoccupe, tant nous ressentons combien l’actualité qui s’offre à nous est inquiétante dans toutes ses dimensions : sociale, politique, économique, écologique, voire religieuse...

Et la tentation de la fatalité n’est pas loin :

  « C’est comme çà, on ne peut rien changer,
  Ce sont des choses qui nous dépassent,
  De toute façon, nous allons dans le mur, qu’y pouvons-nous ?

Reconnaissons que beaucoup demeurent prisonniers de cette fatalité et que nous aussi, nous risquons d’y succomber.

Mais si l’Evangile commence par un « scénario catastrophe », il se résout par une bonne nouvelle : c’est la puissance et la gloire de l’amour du Christ qui va s’imposer et qui va l’emporter sur toutes les cataclysmes qui peuvent s’abattre sur nous.

J’ai écrit dans ma seconde lettre pastorale pour le Carême 2006 : « La sinistrose n’est pas de mise chez les chrétiens habitués par leur Maître aux matins nouveaux de Pâques et de Pentecôte, de Résurrection et de Souffle prophétique ».

Si les forces naturelles ébranlent les éléments du monde et du cosmos, le retour du Christ rassemblera dans l’amour toutes celles et ceux que la vie, les épreuves, les divisions, l’histoire, la culture, la race, la religion avaient séparés,
-pour qu’ils ne forment qu’un seul Peuple, une seule famille
-et chantent d’un même coeur une hymne de louange et d’action de grâce.

Ce grand rendez-vous de l’humanité avec son Libérateur et Sauveur, nous le préparons tout particulièrement dans nos liturgies. Elles annoncent par nos voix et par notre profession de foi cette certitude que

• plus nous avançons dans l’histoire avec ses multiples rebondissements apocalyptiques et ses espoirs fragiles

• plus le Fils de l’homme se fait davantage proche de nous.

Amis choristes, si vous contribuez à rendre nos liturgies plus belles et plus priantes, ce n’est pas seulement pour des raisons esthétiques.

La beauté du chant sacré touche en profondeur la sensibilité spirituelle de tout être humain, c’est-à-dire
• cette part de lui-même qui n’accepte pas sa finitude et qui veut savoir où est sa source et quel est son devenir,
• cette part de lui-même qui sent en elle comme une montée en puissance vers l’Infini que le chant sacré facilite et oriente.

Il y a là réellement pour toutes nos chorales diocésaines une vocation spirituelle au service de la personne humaine dans sa recherche de Dieu.

C’est la raison pour laquelle, une chorale liturgique est une école de prière où l’on prie en chantant, où l’on chante en priant.

-Amis choristes, vous le savez, l’eucharistie dominicale est l’étape indispensable qui permet à l’Eglise tout au long de sa marche de recouvrer force et vitalité en communiant au Christ, Parole et Pain vivants. Par la qualité du chant liturgique, vous donnez à nos célébrations un caractère joyeux, festif et sacré, permettant aux fidèles de trouver en quelque sorte l’accord parfait qui les unit au Père, par le Fils et dans l’Esprit Saint pour former avec eux, un seul corps.

Dimanche après dimanche, découvrez de plus en plus à l’école de l’eucharistie, la force de persévérer dans ce beau service de la communion ecclésiale, composante importante de votre engagement.

-Amis choristes, en unissant vos voix, pour former un seul choeur, vous amplifiez le chant d’amour de l’Evangile pour qu’il soit appris et repris par tout le Peuple de Dieu et qu’ainsi l’Eglise offre à l’homme des lendemains qui chantent un vrai bonheur, une paix juste et véritable, une joie sans limite et la réconciliation définitive de l’humanité en Christ.

Cultivez cette dimension missionnaire et prophétique de votre engagement afin qu’elle vous donne du souffle et de la voix pour faire résonner le chant de Dieu dans le concert du monde.

« Continuez à chanter la mélodie du Christ, celle de sa Bonne Nouvelle qui accompagne l’homme à toutes les étapes de son histoire, jusqu’au plein accomplissement de sa vie dans l’Eternité du monde à venir ».

Que Notre Dame de Rocamadour inscrive dans nos coeurs la joie de son Magnificat.

AMEN

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