Ordinations diaconales.

HOMELIE DU PERE EVEQUE ORDINATIONS DIACONALES JEAN ESQUIEU, HENRI SALVAT, JEAN-PIERRE DELMAS DIMANCHE 29 JUIN 2008 CATHEDRALE ST ETIENNE CAHORS

Chers amis,

Cela peut être dangereux de suivre quelqu’un que l’on ne connaît pas. Voilà une consigne de prudence que nous donnons à nos enfants et nous avons raison de le faire

C’est cette même prudence que nous retrouvons dans l’Evangile qui vient d’être proclamé. Jésus ne veut pas qu’il y ait erreur sur Sa Personne, qu’on le prenne pour un autre, ou pour ce qu’il n’est pas. On ne peut pas s’engager à sa suite

• si l’on ne sait pas qui Il est,

• si l’on n’est pas sûr de Lui,

• si on ne le connaît pas.

C’est pourquoi, Il questionne ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? ».

J’accueille aujourd’hui cette question comme une preuve de respect de leur liberté et de leur dignité, qui empêche toute manipulation mentale ou spirituelle.

Jésus ne veut pas faire de ses disciples des moutons de Panurge.
Il est donc capital pour eux de savoir

• en QUI, ils mettent leur confiance pour ne pas faire fausse route,

• avec QUI ils engagent leur vie

Nous le voyons bien, Il n’arrache pas l’adhésion des disciples, mais Il les laisse libre de leur réponse à partir

• de l’expérience qu’ils ont de Lui,

• de ce qu’ils ont vécu et partagé avec Lui,

• de ce qu’ils ont entendu de sa bouche et vu de leurs yeux.

C’est ainsi que Pierre, le premier de la cordée des Apôtres, fort du chemin parcouru avec Jésus peut s’exclamer : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !! ».

Cette profession de foi n’est pas la résultante des rumeurs, des opinions qui circulent autour de Jésus, du « qu’en dira t-on » : Il est Jean Baptiste, Elie, Jérémie ou un autre prophète.

Sa profession de foi, c’est la révélation de cette vérité qu’en Jésus, il reconnaît le Fils du Dieu Vivant.

Lui seul, Pierre, avec les limites

• de son humanité,

• de son caractère,

• de son intelligence,

• de sa connaissance de Dieu,

prononce des paroles hors limite qui viennent de l’Eternité : « Tu es le Fils du Dieu Vivant ».

Il y croit de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et de tout son amour.

Une telle foi va soulever tout son être et le conduire bien plus loin qu’il n’aurait pu l’imaginer, dans la direction indiquée par la feuille de route que Jésus lui a spécialement tracée : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je construirai mon Eglise ».

Jean, Henri, Jean-Pierre, à un moment précis de votre vie la question posée par Jésus à ses disciples, Il vous l’a destinée : « Pour toi, qui suis-je ? »

En répondant comme Pierre : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant », toute votre existence est entrée dans la beauté, la richesse et la force de cette relation personnelle avec Lui.

Cette relation vous a transformé et progressivement, Jésus a ouvert votre cœur et votre foi aux dimensions multiples de son amour pour tous.

C’est cette découverte prodigieuse qui a été au commencement de votre chemin vers le diaconat, avec cette interrogation : « Et si moi aussi, je me risquais à aimer comme Lui ? ».

Alors, vous l’avez regardé, contemplé, prié, pour apprendre à aimer et à servir comme Il l’a fait.

• Et vous l’avez trouvé à genoux aux pieds de ceux qui ont faim et qui ont soif, qui sont en prison, qui sont malades ou abandonnés, seuls, désespérés.

• Vous l’avez trouvé du côté des petits, des pauvres, des opprimés,

• Vous l’avez trouvé parlant à celles et ceux à qui ont ne parle plus et qui sont ignorés de tous.

Ainsi Jésus vous a montré où est la place du diacre. Là même où Il a revêtu la tenue de service pour l’amour de ses frères.

Le Messie, le Fils du Dieu vivant se fait serviteur et vous fait serviteur par l’imposition de mes mains et la prière de l’Eglise. C’est en Lui que vous avez mis votre foi, c’est de Lui que vous recevez le force de servir par amour vos frères et vos sœurs, plus particulièrement celles et ceux qui sont les plus exposés à l’injustice, au mépris, à l’égoïsme d’une société parfois déshumanisante pour ses propres membres.

Dans les priorités missionnaires de notre chemin synodal je questionnais ainsi notre église diocésaine :
« Nous avons à nous interroger sur notre participation à la vie du monde (relations de voisinage, associations, engagements variés) et sur l’esprit de service que nous y apportons ou pas. L’on dit souvent que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres et aux exclus, ces paroles correspondent-elles à la réalité ?
N’avons-nous pas à édifier une Eglise « servante et pauvre » qui participe sans aucune suffisance à la recherche d’un avenir plus humain ? »

La réponse à mon interrogation passe par le service diaconal. Il décentre l’Eglise en lui rappelant qu’elle n’a pas son cœur en elle-même, mais que c’est le cœur du Christ qui bat en elle et qu’en écoutant battre le cœur du Christ elle entend battre celui des pauvres, elle entend battre celui du monde.

Ainsi notre Eglise diocésaine ne peut ni ne doit rester sourde à aucune misère humaine, aucune souffrance morale, physique, spirituelle, aucun appel au secours, aucune solitude, pour ne pas être jugé à la fin des temps pour non assistance à pauvres en danger.

Jean-Pierre, Henri et Jean, en vous ordonnant je vous demande d’aider notre famille diocésaine à demeurer toujours en état de service.

• Rappelez le à temps et à contre temps quand vous proclamerez l’Evangile et que vous le commenterez,

• Rappelez le à temps et à contre temps quand vous animerez la prière des fidèles, quand vous participerez à la liturgie de l’Eglise, en n’oubliant jamais que la vraie liturgie conduit à une vie de charité,

• Rappelez-le à temps et à contre temps, quand vous célébrerez l’amour des fiancés, la vie de Dieu qui se donne dans le baptême, la tendresse du Père et l’Espérance pascale pour celles et ceux qui sont désemparés devant la mort d’un être cher,

• Rappelez-le à temps et à contre temps dans vos engagements en plein monde, en montrant à tous que le Dieu Très Haut, s’est fait en Jésus Serviteur, le Dieu très Bas capable de prendre de l’eau dans une cruche, de se nouer un linge à la ceinture, et de laver les pieds de ses amis, les essuyant avec tendresse. Comment ne pas l’aimer ? Comment ne pas l’imiter ?

Voilà votre feuille de route. Elle puise son contenu dans le cœur du Christ, et vous l’a recevez de la succession apostolique par mon ministère épiscopal. Je vous la remets avec joie en vous invitant à la vivre dans la plénitude du service de l’Amour, soutenue par la foi qui anime, construit et conduit votre vie.

En terminant, comment ne pas remercier vos familles et vos nombreux amis présents. Vous offrez à l’Eglise un époux, un père, un fils, un frère, un compagnon de travail, quelqu’un qui compte beaucoup pour vous et à qui vous tenez. Je sais aussi à quel point vous comptez pour eux trois, à quel point ils vous aiment.

Je serais ingrat de ne pas vous témoigner ma reconnaissance et celle de notre église diocésaine parce que tous les trois vous doivent beaucoup : à votre manière vous avez aidé Henri, Jean-Pierre et Jean à devenir ce qu’ils sont, à grandir en humanité. Vous les avez accompagnés dans leur discernement, les aidant à choisir la porte du service et de la charité évangéliques. Porte ouverte à tous et pour vous et pour tous. Merci de tout cœur.

Jean-Pierre, Henri, Jean, que Notre Dame de Rocamadour, l’humble servante du Seigneur appelle sur vous l’Amour de Jésus Serviteur, qu’il vous comble de paix, de joie et de bonheur.

AMEN

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