Retour sur le pèlerinage à Saint Benoît Labre 2014

Encore sous le choc du pèlerinage à St Benoît Labre qui s’est déroulé du 1er au 4 mai dernier à St Hilaire- Lalbenque, nous nous sommes retrouvés pour échanger sur les derniers événements et comme les disciples d’Emmaüs (Évangile du dimanche 4 mai), nous pensions : « notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait et nous faisait comprendre les Écritures ? ». "Il" pour nous aujourd’hui c’était le prédicateur, le père Éric Merlier, venu du Pas de Calais avec ses amis Jean et Anne-Marie, pour guider ce temps fort.
Il nous a tous marqués : sourire large et franc, ampleur du geste, ouverture du cœur et de l’esprit, liberté de ton et d’expression, regard amical posé sur chacun … « aime et fais ce que tu veux ! »St Augustin
Quelqu’un d’autre disait : « tant de spontanéité, de vérité, de joie…, comme une harmonie de l’être en profondeur qui transparaît, éclaire, entraîne et fait penser à St Paul : ce n’est pas moi qui vis mais Lui qui vit en moi »
Bon, nous n’allons pas demander sa canonisation ! mais nous voulions dire combien nous sommes heureux de l’avoir rencontré. Le comble est que, cette manière d’être que nous admirons paraît facile et elle l’est sûrement, si on arrive à laisser, dans nos vies, toute la place à l’Autre, aux autres…meilleur moyen d’être nous-mêmes, en parfaite harmonie, heureux de la Bonne Nouvelle qui nous habite.
Le chemin est tout tracé « vivre l’Évangile aujourd’hui » (thème du pélé cette année), c’est être Bonne Nouvelle pour notre monde en laissant le Christ habiter notre vie.
Voilà le message que nous avons reçu par le vécu de ces 4 jours et nous l’avons fortement entendu dans les homélies. Nous évoquerons, à titre d’exemple, 2 illustrations, une concernant la foi recherche de Dieu, l’autre notre regard à changer,
La première concerne un détenu au long cours (40 ans de prison ferme) que le père Éric accompagne au sein d’un groupe de prisonniers. Après un parcours long et difficile, l’homme un jour lui glisse :"Eh l’abbé, si on cherche vraiment Dieu, c’est qu’on l’a un peu trouvé, non ?"
La deuxième parle d’un groupe de parents rassemblés pour la préparation au baptême de leur enfant autour du prêtre et des animateurs ; l’échange, habituellement animé, vivant, ne démarre pas ; tous les regards figés sont tournés vers un papa au look effrayant : stature impressionnante, musculature hors normes, tête rasée sauf une énorme crête rousse, des piercings partout et…le visage entièrement tatoué ! Rompant l’ambiance plombée, une maman ose la question : « monsieur, pourquoi vous êtes- vous fait tatouer le visage ? – madame, je suis ici pour préparer le baptême de ma petite fille qui est belle, intelligente, en bonne santé, mais j’ai aussi un grand garçon lourdement handicapé, 4 ans d’âge mental qui a des mimiques et gestes désordonnés. Je le promène souvent sur son fauteuil. Un jour j’en ai eu assez d’entendre des réflexions style" si ce n’est pas malheureux, on ne devrait pas les laisser vivre..", j’en ai eu assez de voir ces regards pleins de gêne, de pitié ou pire…alors je me suis forgé ce look pour détourner les regards sur moi et ainsi épargner mon enfant ! »
Histoire vraie, bouleversante qui dit l’importance, le poids du regard ! Voir au-delà des tatouages…."on ne voit bien qu’avec le cœur" A. de Saint Exupéry

« Vivre l’Évangile aujourd’hui », ceux qui, le vendredi, ont visité les personnes malades, isolées, en ont fait l’expérience. Laissant tomber toute appréhension, crainte, hésitation, chacun a su trouver les mots pour être là en ami, et chaque fois, malgré la lassitude, l’ennui, les souffrances, l’accueil était chaleureux et chaque visite -trop courte- se terminait par un "nous reviendrons", promesse à tenir maintenant !
Avec certains nous avons prié, chanté, communié mais toujours beaucoup écouté, regardé.
Quelle joie ! ces yeux ! nous n’oublierons pas leur éclat ! et puis l’humour, la lucidité,le bon sens…
"Oh si vous saviez, le Bon Dieu, il m’en donne des grâces, plus que je n’en mérite !"
"Je pèche beaucoup alors je Lui dis : cette fois j’ai compris je vais faire un effort, mais pas possible, je recommence mes bêtises... mais j’ai confiance, Il m’aime !."
Foi, Force de Vie dans la simplicité, l’humanité de ces personnes qui ont traversé ou traversent encore les pires épreuves. Eux et nous par cet échange- partage, ces liens, nous avons expérimenté la joie de l’Évangile dont parle le pape François.

Samedi, la marche a débuté par la lecture du jour "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie", un alléluia de Madagascar (clin d’œil à Francis qui rentre de son séjour solidaire là-bas), et une consigne : aller à la rencontre, réfléchir et marcher avec ceux qu’on ne connaît pas. Les jeunes adultes du foyer Mas de la Tour ont suivi courageusement et tout le monde a apprécié l’énergie et la joie communicative de Michèle. Les enfants ont bien couru, cherchant bâtons, besaces, chapelets, oranges et autres trésors.
Les habitants du hameau de Marcenac nous attendaient avec du vrai pain cuit au feu de bois, des confitures, du chocolat, des boissons ; et, après la prière devant la croix, nous sommes rentrés d’un bon pas pour arriver à l’heure à la messe.
Par la diversité des participants( enfants , ados, jeunes, 2 prêtres, 1 diacre, 1 séminariste, des adultes d’âges et horizons variés), la diversité des activités (échanges autour de la Parole, marche, Eucharistie, achats de livres au stand de la librairie diocésaine, repas partagés, soirée festive avec chansons et danses d’ici et du Nord), la journée du samedi aidait à comprendre comment devenir une "communauté fraternelle vivante et ouverte."

Que dire des célébrations Eucharistiques ?
Jeudi soir 50 pèlerins, vendredi 70 et crescendo jusqu’à l’église pleine dimanche.
En plus des homélies, les participants ont étés frappés par 2 gestes forts.
Dès le premier jour, les gens ont occupé les places au fur et à mesure sans laisser des chaises vides, du coup nous avions un petit troupeau bien compact ; pour dire les choses moins familièrement : le sentiment d’être une vraie famille et donc, chaque soir, pour le Notre Père, le prêtre nous invitait à tendre la main, esquisser un pas de côté et la chaîne se bouclait sans l’ombre d’une hésitation . Force du silence, du recueillement, du geste qui nous unissait dans l’Amour."S’aimer c’est regarder ensemble dans la même direction". Pas besoin d’explication l’Église est là : frères main dans la main, le cœur tourné vers le Père.
Le deuxième moment fort : la communion au Pain et au Vin, appuyait le sens d’appartenance à l’Église universelle. Le père Éric expliqua brièvement, rassurant les fidèles peu habitués, avant de proposer ce geste qui nous unissait aux premières communautés ( elles communiaient toujours sous les deux Espèces) et à d’autres chrétiens qui continuent cette tradition.

L’équipe organisatrice remercie vivement le père Éric, Jean et Anne-Marie pour leur témoignage et leur soutien chaleureux , le père Bouin pour sa confiance et la publicité, et tous les pèlerins ; elle dit à tous : à l’année prochaine pour le 120ème pèlerinage à SBJL, espérant que ces 4 jours auront ravivé en nous la foi et le désir d’être Bonne Nouvelle pour notre monde.

J. Damiens

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