Dimanche des Rameaux - 24 mars 2024

 Homélie de Mgr Laurent Camiade :

Mes frères et sœurs,

Une des choses qui peut nous impressionner en écoutant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est son silence en face de ceux qui l’accusent ou l’interrogent. Que ce soit devant le Sanhédrin ou devant Pilate, il ne répond qu’à une seule question, celle de savoir qui il est : Es-tu le Christ ? Demande le grand prêtre. Es-tu roi ? Demande Pilate. A chaque fois, il répond par l’affirmative, en ajoutant à la question du grand-prêtre un petit développement « vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir parmi les nuées du ciel ». Cette parole forte suscite l’indignation et le scandale et paraît motiver sa condamnation à mort par les grands-prêtres. Mais elle apporte aussi un contraste incroyable entre la manière humble de Jésus, ce qu’il s’apprête à subir, et cette vision céleste d’un trône auprès de Dieu et d’une venue glorieuse. C’est là tout le mystère de la croix qui est à la fois scandale, douleur, échec apparent et promesse de vie et de glorification. Or, c’est précisément cela qu’est Jésus, le roi d’une royauté éternelle et encore invisible ici-bas, mais qui se révèle par l’abaissement, par un amour capable de renoncement total à soi-même. Le Tout-Puissant se laisse apparemment détruire, mais en vue de rebâtir un monde nouveau, le monde de la vie éternelle et de la résurrection des corps.

Arrêtons-nous cependant un peu sur ce silence, cette non-réponse de Jésus. Il avait peut-être envie de se justifier face à toutes les accusations injustes qui s’exprimaient. Elles fusaient d’ailleurs avec une logorrhée si abondante qu’elles finissaient par se contredire et perdre leur crédibilité. En l’accusant à tort et à travers, ces faux-témoins confessaient en fin de compte leur propre péché. Tandis que lui, Jésus, le Logos, le Verbe de Dieu se tait. Il accepte de porter sur lui leurs péchés. Il porte sur lui nos péchés. Et il le fait en silence, sans accuser personne, comme lorsqu’on lui amenait la femme adultère et qu’il se contentait de tracer des traits sur le sol, en silence. La seule chose que dit Jésus, c’est lui-même, c’est ce qu’il est. Il est le Verbe, la Parole de Dieu faite chair et non pas discours, non pas explication ni encore moins bavardage. Il se tait car la Parole de Dieu qu’Il incarne s’exprimera totalement à travers l’acte d’offrande de sa vie qui nous révèle l’amour de Dieu pour nous et son pardon. Sur la croix, même au comble de l’angoisse et de la souffrance, il se tourne vers le Père car son cri de désespoir lui-même continue, en fait de manifester son lien avec Dieu. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il se donne et Il nous pardonne. Son silence devant les accusateurs signifie qu’il prend sur lui nos péchés et qu’il les détruit par son amour sans limite.

Restons un moment en silence et rappelons-nous seulement que Celui dont nous venons d’entendre le récit de la Passion nous a révélé par là à quel point Il nous aime.

Amen.

+ Mgr Laurent Camiade
Evêque du diocèse de Cahors

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