Revue religieuse catholique du diocèse de Cahors
Juin / Août 2023

– Editorial de Mgr Laurent Camiade :

Cultivons l’amitié avec Dieu

Chaque année, autour de la fête des saints Pierre et Paul du 29 juin, nous nous étions peut-être habitués à la joie d’ordonner prêtres ou diacres en vue du presbytérat. Cette année 2023, il n’y a pas d’ordination et nous n’avons personne au séminaire. Un jeune est en « propédeutique », année de discernement pour entrer au séminaire en septembre prochain. Si Dieu veut qu’il aille au bout, il ne sera ordonné prêtre que dans six ou sept ans. Je rends grâce à Dieu d’avoir ordonné pour notre diocèse cinq prêtres et un diacre permanent. Mais, depuis ma nomination en juillet 2015, nous avons célébré les funérailles de 26 prêtres et 2 diacres permanents. En écrivant ces lignes, je tremble d’ajouter une inquiétude à bien d’autres préoccupations portées par chacun d’entre nous. Mais il me paraît important de regarder la réalité en face pour essayer de comprendre ce que le Seigneur nous dit à travers cette épreuve.

Parmi bien des causes souvent analysées, fixons notre attention sur une difficulté culturelle qui affecte notre foi. Il s’agit du rapport des catholiques, spécialement des jeunes, à la Révélation. La culture technicienne dans laquelle nous avons été éduqués depuis des décennies incite les croyants eux-mêmes à se référer à la parole de Dieu comme à une donnée (data) susceptible d’être intégrée dans n’importe quel type d’usage, notamment dans des discours idéologiques, de préférence performants. Ainsi, la parole de Dieu devrait prouver son utilité pour transformer le monde, selon un projet de nature politique (qu’il soit de tendance nationaliste, écologique, axé sur la justice sociale, ou le progrès et la réussite économique, etc.). Vouloir que la Révélation soit performante ici-bas durcit alors les divisions entre chrétiens et, surtout, ne produit aucune véritable relation personnelle ni communautaire avec Dieu. Or la Révélation a précisément pour but de nous faire entrer en amitié avec Dieu, de Le connaître pour recevoir son amour et y répondre. En voulant trouver à la Révélation une utilité technique, on se situe comme à l’extérieur, en position d’utilisateur et non à l’intérieur, en position de dialoguer avec Dieu pour s’engager, pour engager notre propre vie en réponse à la Parole du Seigneur.

Répondre à l’appel de Dieu, dans ce contexte, peut être malencontreusement confondu avec l’utilisation de certaines « valeurs » inspirées de l’Évangile, selon des buts, en fin de compte, totalement humains. Alors, comment et pourquoi s’engager dans l’annonce gratuite et désintéressée de la parole de Dieu à tous et le service de la sanctification du peuple de Dieu ? Et la messe n’est pas un outil de production performant. Ainsi, la désaffection de la pratique religieuse a à voir avec cet utilitarisme de la culture dominante actuelle. Certains reconnaissent une efficacité à nos célébrations quand elles produisent du lien social, la « satisfaction du client » étant néanmoins souvent discutée. Dans les grandes villes, la logique concurrentielle domine si l’on va à la messe là où l’on se sent à l’aise, en fonction de son milieu social, de ses idées, de sa sensibilité. Plus que jamais, le vrai rôle du prêtre est alors méconnu, dévalorisé, oublié. L’appel, certes, résonne fortement dans l’Église car les fidèles les plus persévérants vivent intensément des sacrements et les prêtres eux-mêmes, parce qu’ils croient en leur propre vocation, ne se privent pas d’interpeler souvent les jeunes. Mais pour ces derniers, répondre à cet appel est devenu un choix à contre- courant, nécessitant une énergie spirituelle considérable. Nous voyons bien que ceux qui osent ce risque de se préparer à devenir prêtres ont souvent déjà une notable expérience personnelle de la prière et du dialogue avec le Seigneur. Il ont compris que Dieu les aime et a pris Lui-même le risque de livrer son Fils unique pour sauver ce monde de son enfermement dans les enjeux matérialistes et mercantiles.

Cultivons donc l’amitié avec Dieu, c’est ce qui est porteur d’avenir pour l’Église. Une journée comme, par exemple, celle des familles le 1er mai dernier au Mont Saint-Joseph nous a montré que nous savons le faire. Même avec de petits nombres et des rencontres très simples dans nos communautés locales, nous pouvons faire l’expérience de la proximité de Dieu et c’est cela qui nous fait vivre et nous remplit de joie !

+ Mgr Laurent CAMIADE,
évêque du diocèse de Cahors

– Sommaire :

• P. 2 : Editorial de Mgr Laurent Camiade
• P. 3 : La fontaine des trois évêques
• P. 4 : Inauguration de l’orgue de l’église St Pierre de Gourdon
• P. 5 : Pèlerinage diocésain à Lourdes
• P. 6/7 : Fête des familles au Mont Saint Joseph
• P. 8 : Retour du Printemps de la diaconie
• P. 9 : L’espérance avec les moines de Tibhirine
• P. 10 : Le MCR a fêté ses 60 ans !
• P. 10 : Pèlerinage à Rome et Assise
• P. 11 : JMJ 2023 Lisbonne
• P. 11 : Camp à l’abbaye N-D des Neiges
• P. 12 : Programme estival du Sanctuaire N-D de Rocamadour
• P. 13 : Charte diocésaine de la bientraitance
• P. 13 : Création d’une carte d’identification et de celebret
• P. 14 : Kerygma
• P. 14 : Congrégation Notre-Dame du Calvaire
• P. 14 : L’Eglise en France / Nominations
• P. 15 : Agenda de l’évêque
• P. 15 : Dans votre agenda
• P. 16 : Collecte du Denier 2023

  

  
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