Attentats de Paris, déclaration de Mgr Camiade

Depuis La Terre Sainte, avec un groupe de lotois en pèlerinage, nous avons appris samedi matin le drame de la veille, survenu à Paris. Toute la journée à Nazareth, nous avons croisé des habitants de la ville de la Sainte Famille qui nous ont exprimé avec beaucoup de compassion leurs condoléances, dès qu’ils apprenaient que nous étions français.
Cela nous a beaucoup touchés de la part de ce peuple qui a tellement l’expérience de la violence aveugle.
Notre prière, soutenue par la leur, s’unit donc avec celle de tous nos compatriotes comme avec celle de millions de gens sur terre et dans le ciel pour demander la paix.
Demandons d’abord la paix en Dieu pour ceux qui viennent de mourir à Paris, au moment où ils pensaient savourer un temps de détente ou de spectacle.
Ensuite, que le Seigneur soutienne par sa grâce tous leurs proches, qu’Il donne sérénité et confiance à ceux qui ont subi le choc d’assister à ces terribles événements. Nous prions spécialement pour tous les blessés, surtout ceux qui luttent encore contre la mort et ceux qui en garderont des blessures graves.
Prenons aussi dans nos prières tous ceux qui leur portent soin et secours et également les policiers et militaires chargés de rétablir la sécurité et la paix, d’autant plus mobilisés à l’approche de la COP 21. N’oublions pas dans nos prières les responsables politiques et les journalistes : leurs choix et leurs paroles sont lourdes de conséquences et infiniment délicats à peser.
Après Mgr Pontier, président de la conférence des évêques de France, qui a "invité les catholiques de France, par leur prière, leurs paroles et leurs actes à être artisans de paix, d’unité et témoins de l’Espérance", j’encourage les fidèles du Lot, dans un esprit d’unité avec toute personne de bonne volonté, à contempler le Christ qui est venu habiter les situations humaines d’injustice, de violence et de souffrance lorsqu’il a librement porté sa croix par amour pour ses propres bourreaux.
C’est un long chemin pour que nous devenions capables d’aimer à la manière de Jésus car nous avons souvent des réactions de colère, des désirs de vengeance et aussi des réflexes de peur.
La montée en puissance du crime terroriste est voulue pour provoquer la peur et mobiliser les esprits faibles et déboussolés. Sans naïveté il nous faut pourtant répondre à la haine par l’amour. Pour cela, sans admettre l’inadmissible nous avons à discerner comment vivre dans l’espérance.
Il n’y a aucune justification ni humaine ni religieuse à de telles attaques, comme l’a dit le pape François. En même temps, notre premier pas vers l’espérance est possible si, nous tournons de nouveau nos yeux vers l’Amour crucifié. Ce sera un pas décisif. C’est ce pas de notre cœur vers le Christ qui nous permet d’atteindre la racine du mal qui déchire l’humanité : en Jésus, malgré l’agitation de sentiments contradictoires, nous sommes déjà vainqueurs du cercle infernal de la haine.
Devant la croix du Christ, au Saint-Sépulcre, avec les 45 pèlerins du Lot, nous déposerons notre peine, notre dégoût et nos peurs. Vous pouvez faire cela en communion avec nous. Laissons couler nos larmes en songeant qu’à l’agonie, quelques instants avant l’arrivée de Judas, Jésus a déjà pleuré avec nous notre deuil national d’aujourd’hui et ouvert le chemin de notre invincible espérance.
Pendant qu’à la cathédrale de Cahors, aura lieu une veillée de prière ce dimanche après-midi, le groupe des pèlerins du Lot célèbrera la messe au bord du Jourdain. Notre baptême, en nous configurant au Christ, baptisé dans le Jourdain, nous a symboliquement plongés dans la mort de Jésus pour avoir part à sa Vie qui est don généreux et lumière. Qu’il nous donne d’être fidèles à ce don pour le service d’un monde en désir de paix et de justice. Nous pouvons encore et toujours compter sur l’Esprit Saint.

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